Aller au contenu principal

Dominique Hervy

Dernière mise à jour : Juin 2023

 

DOMINIQUE HERVY

Pêcheur caseyeur au Croisic

 

« L’avantage avec le casier, c’est que tout ce qui est hors taille ou non ciblé est remis à l’eau vivant. (…) Le casier est un métier propre, on ne détruit rien. Le seul risque est la perte de matériel en mer. »

 

 

Issu d’une famille de pêcheurs, Dominique a toujours su qu’il suivrait cette voie. À 14 ans, après un CAP à Étel (Morbihan), il effectue son premier stage sur un chalutier. Malgré le mal de mer et des conditions de travail difficiles, cette expérience a confirmé son souhait d’en faire son métier.

 

Dominique a tout d’abord travaillé sur des chalutiers, pendant près de 15 ans. Il a débuté sa carrière à La Turballe en Loire-Atlantique, sur un chalutier pélagique, il y est resté pendant deux ans et demi. Après un arrêt pour effectuer son service militaire, Dominique passe son brevet motoriste et devient chef mécano à bord du Basse-Hergo, chalutier de 18 mètres où il restera pendant 12 ans. Le bateau ciblait la langoustine en été et la sole et le merlu en hiver

 

« Avec ce type d’engin de pêche, il est difficile de conjuguer qualité et quantité. Souvent c’est la quantité qui prime au détriment de la qualité. Il fallait faire du volume, en un seul trait de chalut, nous pouvions capturer 10 à 15 tonnes de poisson ! Avec les nouvelles technologies qui permettent de détecter le moindre animal, les poissons n’ont aucune chance d’échapper aux mailles du filet… La pêche est un beau métier, il est important de respecter les ressources, il ne faut pas industrialiser la mer. Avec le temps et l’expérience, on se rend compte de certaines pratiques destructrices. Quand la poche du filet se vidait sur le pont du navire, on ne gardait qu’un quart des prises. Les autres étaient rejetées mortes à la mer, car non commercialisables ou non ciblées. Depuis, il y a eu beaucoup d’efforts pour améliorer la sélectivité des engins en jouant notamment sur la taille du maillage. Malheureusement, il y a toujours trop de prises accessoires et de rejets d’espèces non ciblées.

 

Sur le Basse-Hergo, je restais en mer plusieurs jours, je ne pouvais pas voir ma famille pendant la semaine. On gagne bien notre vie certes, mais nous ne sommes pas à terre pour en profiter. »

 

Lorsque son père est parti à la retraite, Dominique a repris son bateau, avec son frère Patrick, le Cassiopée, bateau côtier de 9 mètres. La pêche au casier correspond à sa vision du métier : une technique passive qui limite les impacts sur l’environnement. En fonction des saisons, l’abondance des espèces varie : en été, il pêche principalement le homard et en hiver la crevette bouquet. Il capture également, mais plus rarement, tourteaux, araignées et poulpes.

 

Les casiers sont adaptés aux espèces et sont placés dans des zones différentes selon les espèces et les saisons. Les casiers à crevettes ont des mailles plus petites que ceux utilisés pour capturer les homards. Les animaux sont appâtés avec du poisson. Le homard, chasseur nocturne vorace, est attiré par ces proies « faciles ». Si plusieurs homards se retrouvent piégés dans le même casier, il n’est pas rare que Dominique ne retrouve pas les animaux en entier, ces crustacés peuvent se montrer agressifs et cannibales.

 

« L’avantage avec le casier, c’est que tout ce qui est hors taille ou non ciblé est remis à l’eau vivant. Nous remettons également à l’eau des homards ou tourteaux qui ont mué récemment, afin de s’assurer que les animaux que nous vendons auront assez de chair dans leur carapace, même s’ils font la taille réglementaire. L’objectif est de proposer de la qualité en criée plus que de la quantité. Le casier est un métier propre, on ne détruit rien. Le seul risque est la perte de matériel en mer.»

 

Les deux frères sortent en mer toute l’année, à l’exception du mois d’août. Départ à 3h du matin et retour au port du Croisic en fin de matinée : « Avec ce rythme, nous pouvons profiter de notre famille tous les jours et même avoir un peu de temps libre… ».